24 août… trois quarts
Maintenant que le mur est en lambeaux, toutes les roses cent feuilles et les rayures vert pâle pelées en longues bandelettes, voici ce que Peter a laissé aux curieux.
Ce que tu as laissé.
« Je suis amoureux d’Angel Delaporte, et je regrette, mais je ne vais pas mourir pour notre cause. » Rédigé en courbes et volutes sur tous les murs, ça dit comme ça : « Je ne vais pas vous laisser me tuer de la même manière que vous avez tué tous les maris des peintres depuis Gordon Kincaid. »
La chambre est jonchée de serpentins et de débris de papier peint. Tout poussiéreux de colle sèche. On entend des voix dans le couloir, et Misty attend, figée comme une statue dans la chambre complètement détruite. Elle attend que les estivants ouvrent leur porte.
Sur le mur, il est écrit : « Je me fiche désormais de nos traditions. »
Ça dit : « Je n’aime pas Misty Marie », ça dit : « mais elle ne mérite pas la torture qu’elle doit endurer. J’aime notre île, mais il nous faut trouver un moyen nouveau de sauver notre mode d’existence. Nous ne pouvons pas continuer à moissonner les gens ».
Il est écrit : « Il s’agit ici de meurtres de masse rituels, et je me refuse à fermer les yeux en leur donnant mon aval. » Les estivants, leurs affaires sont enfouies, bagages, produits de beauté et lunettes de soleil. Enfouies sous les débris, les tas de papier en lambeaux.
« Lorsque vous découvrirez ceci, dit le texte sur les murs, je ne serai plus là. Je pars ce soir avec Angel. Si vous lisez ceci, alors, je suis désolé, mais il sera déjà trop tard. Tabbi aura un bien meilleur avenir si sa génération se trouve obligée de faire sa niche toute seule. »
Rédigé sous les lambeaux de papier peint, ça dit comme ça : « Je suis sincèrement désolé pour Misty. »
Tu as écrit : « C’est vrai que je ne l’ai jamais aimée, mais je ne la hais pas suffisamment pour mener notre plan à son terme. »
Il est écrit : « Misty mérite mieux que ça. Papa, le temps est venu pour nous de la libérer. »
Les somnifères dont l’inspecteur Stilton disait que Peter les avait avalés. L’ordonnance que Peter n’avait pas. La valise qu’il avait faite et qu’il avait mise dans le coffre. Il se préparait à nous quitter. En partant avec Angel. Tu te préparais à partir.
Quelqu’un l’a drogué et l’a abandonné dans la voiture avec le moteur en marche, avant de fermer le garage en laissant à Misty le soin de faire la macabre découverte. Quelqu’un qui n’était pas au courant de la valise, toute prête, dans le coffre, qui n’attendait que son départ. Quelqu’un qui ne savait pas que le réservoir d’essence était à moitié vide. « Papa », sous-entendu Harrow Wilmot. Le père de Peter, qui est censé être déjà mort. Depuis même avant la naissance de Tabbi.
Tout autour de la pièce, il est écrit : « Ne dévoilez pas l’œuvre du diable. »
Là, il est écrit : « Détruisez toutes les peintures de Misty. » Ce que l’on ne t’enseigne pas à la fac d’arts plastiques, c’est la manière de donner un sens à un cauchemar.